Organisé pour la troisième année consécutive, le colloque des classes de la mer a réuni à la fédération française de voile, les 6, 7 et 8 novembre, les acteurs de ce réseau qui jouent un rôle essentiel d’engagement social, mais également d’éveil aux plaisirs de la navigation. A cette occasion, nous avons rencontré Cédrick Hamon, Directeur du Centre Nautique de Pléneuf Val André, avec qui nous avons pu échanger sur les particularités de l’activité.
Cédrick, la saison se termine pour les classes de mer, peux-tu nous indiquer quelles sont les périodes de fortes activités pour vous ?
Qui dit Classe de Mer, dit temps scolaire. Nous avons donc deux fortes périodes, de mars à la fin juin puis à partir de la rentrée de septembre jusqu’aux vacances de la Toussaint. La période de l’automne est moins forte, car les enseignants ayant, selon les territoires, 8 à 12 semaines de délai pour faire valider leurs dossiers « Classe de Mer », cela ne permet pas à tous les enseignants nouvellement en poste ou avec une nouvelle affectation de pouvoir déposer un dossier. Nous avons à contrario, plus de collégiens, dont l’autorisation ne dépend que du chef d’établissement. Cela fonctionne bien, par exemple, pour des séjours d’intégration, mais qui sont généralement plus court.
Comment s’est passée la saison 2023 au Centre Nautique de Pleneuf Val André ?
C’était une bonne saison, mais elle est un peu moins intéressante qu’en 2022. Nous avions connu un beau rebond après la pandémie de Covid. La tendance est, tout de même, à des durées de séjours plus courtes que par le passé. Chez nous, nous avons la capacité d’accueillir et d’animer trois classes en même temps. Nous avons 82 lits pour le couchage. Notre particularité est que l’essentiel des classes qui viennent chez nous ne sont pas de la région Bretagne. Nous accueillons des Parisiens ou bien des Alsaciens. Cela a l’avantage pour nous, et pour le bon fonctionnement de la structure, que ce soit des séjours plus longs 5 à 10 jours.
Quels sont les points forts des Classes de Mer ?
Selon moi, le point fort des Classes de Mer, et que nous pouvons mettre en avant si la fédération développe un réseau national, c’est la qualité de notre enseignement, de nos contenus pédagogiques et du temps d’apprentissage de la voile. Si l’on compare à ce que j’appelle les « voyagistes de séjours pour enfants », la différence est très importante. Un séjour à la mer par un « voyagiste », ce sont beaucoup d’activités de plage et peu de navigations, car ils n’ont pas le savoir-faire. Lors d’un séjour Classe de Mer, les enfants peuvent aller naviguer tous les jours encadrés par des professionnels. Ils font beaucoup plus d’heures de navigations que des enfants qui font un stage de voile dans une Ecole de Française de Voile. C’est une acculturation à notre milieu très forte. Sans oublier la prise d’autonomie liée à l’activité nautique et la vie dans le centre d’hébergement.
Comment fonctionne votre établissement lorsque vous n’accueillez pas de Classes de Mer ?
Nous accueillons des colonies. Cela peut être des groupes de centres de loisirs ou de CE. Nous avons également des individuels, car je suis assez attaché à la mixité sociale. Il y a eu un bel engouement après le plan national qui avait été développé par Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l’Education Nationale, et la dynamique est restée. Il y a une vraie envie de vivre ensemble et d’expérimenter des activités au grand air. Je pense que nous pourrions doubler notre capacité d’accueil et nous afficherions toujours complet. La particularité de notre centre, dans lequel nous avons interné beaucoup de charges, aide à ce bon développement. Nous avons, par exemple, notre propre autobus, nous sommes autonomes sur la restauration, nous avons développé nos propres outils pédagogiques…
Qu’est-ce que pourrait permettre la création d’un réseau des Classes de Mer FFVoile ?
Développer une offre Classe de Mer est un vrai mille-feuille de différentes réglementations. Nous sommes peut-être l’activité la plus difficile à organiser Nous travaillons avec des mineurs, nous les logeons, nous les nourrissons, éventuellement, nous les déplaçons et nous organisons pour eux des navigations encadrées. Les réglementations que nous devons suivre dépendent de plusieurs ministères ou de circulaires différentes et il faut bien les connaître et les maîtriser pour développer l’activité et valider, par exemple, les différentes commissions de sécurité ou d’hygiène. En nous représentant nationalement, la fédération peut faire remonter ces difficultés et nos besoins. Elle peut aussi collaborer avec d’autres réseaux similaires pour plus de représentativités ou d’échanges de pratiques. Depuis deux ans, plusieurs dossiers ont avancé pour le collectif, c’est bien.