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Antifouling et carénage : repassons une couche sur nos connaissances

Le sujet des antifoulings est un sujet complexe et pourtant si important pour nos structures et licenciés. Nous nous en servons sans nous apercevoir tous les jours pour pouvoir naviguer par tous les temps et en toutes saisons. L’antifouling comme de nombreux produits que nous mettons sur nos bateaux à un impact sur la biodiversité marine. Nous avons rencontré l’OFB (Office Français de la Biodiversité) afin d’évoquer les bonnes pratiques, les produits interdits et les pistes d’améliorations.

Antifouling késako ?

L’antifouling synonyme d’antisalissure « Se dit d'un produit incorporé dans une peinture (à base de cuivre ou de mercure) servant à la protection des coques de navires contre les algues, les crustacés et autres salissures marines susceptibles de réduire la vitesse du bâtiment. »

Pourquoi utiliser un antifouling ?

La principale explication est mécanique. En empêchant aux salissures marines quelles qu’elles soient de se fixer sur la coque du bateau, il y a une baisse des frottements donc l’énergie nécessaire pour faire avancer le bateau est moindre. Pour nos bateaux à voile, cela signifie que l’on va plus vite.
La deuxième explication comme l’explique le rapport « Antifouling et Environnement » de l’OFB et de Finistère 360 de 2019 est moins visible. « Ce sont les organismes eux-mêmes qui deviennent source de nuisance. En effet les différentes espèces transportées sur la coque peuvent coloniser facilement de nouveaux territoires. » L’utilisation d’antifouling empêche cette propagation.

L’état des peintures aujourd’hui

Depuis des années, la famille des peintures chimiquement actives à base de biocides représente plus de 90% du marché mondial des systèmes antifoulings. Le TBT a été le biocide le plus utilisé dans le monde, cependant, il a été interdit à partir des années 80. La France fut le premier pays à interdire les peintures à base de TBT sur les bateaux de moins de 25m de long en 1982. La présence de ces peintures sur les coques de bateaux de toute taille a été interdite par l’Organisation Maritime Internationale en 2008. Les biocides présents dans les revêtements actuels sont des composés organométalliques (cuivre ou zinc) et/ou des composés organiques (fongicides, algicides, bactéricides…) qui permettent de prévenir l’adhésion des organismes marins. Cependant, ces substances font l’objet d’une surveillance accrue concernant leurs effets sur l’environnement. Les peintures antifoulings sont donc susceptibles d’entraîner une pollution aigüe et chronique du milieu. Les biocides sont encadrés par les règles européennes relatives à la protection des personnes et de l’environnement. D’après le rapport de l’OFB et de Finistère 360 sur « Antifouling et Environnement ».

Le carénage

Le carénage est une opération de révision périodique de la coque d’un navire en vue de lui redonner ses qualités nautiques. Elle consiste au nettoyage, gommage, ponçage, décapage de la couche superficielle de la coque, éventuellement au grattage des restes de peinture antifouling et à la remise en peinture et/ou à la réparation de la carène du navire, c’est-à-dire la partie de la coque située sous la ligne de flottaison qui correspond donc aux œuvres vives du navire.

Lors du carénage d'un navire de nombreuses substances toxiques, particules de peinture, de graisse, d'hydrocarbures se retrouvent dans la mer (dans l'eau et les sédiments) et polluent les milieux naturels (le site internet du préfet du Finistère).

 

 

 

 

La réglementation en vigueur pour le carénage

Dans un objectif de préserver l’environnement et la biodiversité marine la pratique du carénage en dehors d’installations adaptées est interdite !           Il est important lors du carénage de bien utiliser les sites dédiés au carénage (aires – cales). Le carénage sauvage est passible d’amendes de 150€ à 1500€ pour les contraventions de 2ème à 5ème classe (articles R541-76 et R212-48 du code de l’environnement, l’article L2132-3 Code général de la propriété des personnes publiques) et jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 75 000€ d’amende (l’article L216-6 code de l’environnement).

 

La question qui se pose, est de savoir si nous pouvons caréner les bateaux à quai avec une éponge non abrasive ?

La synthèse du programme de contrôle de carénage indique que « Les eaux de ruissellement issues des opérations de carénage et / ou de lavage répondent à ces différents critères. En conséquence, et sur le fondement notamment des articles L. 216-6 et L. 218-73 du code de l'environnement et l’article L535-2, version en vigueur depuis le 01 décembre 2010 du code des transports, il est donc effectivement possible de considérer que ces opérations sont interdites dans les ports et hors ports dès lors que des effluents et résidus se déversent directement dans le milieu naturel. »

 

En conséquence,

  • - Lorsque l’agent considère que des substances chimiques (antifouling, peinture, grattage) sous forme d’effluents ou de résidus sont en contact avec le milieu naturel alors il va y avoir verbalisation
  • - Si cela n'entraine pas d'effluent ni de résidu alors l’opération de lavage est hors champ de la réglementation donc pas de verbalisation.

     

    Il est toujours préférable de faire un carénage dans les sites dédiés à cette opération (aires et cales).

 

Les produits interdits en France

A ce jour, il y a encore une utilisation de peintures et de produits interdits en France suite à la directive Biocide de 1998 devenue depuis un règlement européen UE 528/2012 du Parlement européen et du Conseil du 22 mai 2012, dit « Règlement des produits biocides ». Les services de l’Etat en retrouvent la présence dans les boues des aires de carénage.
La liste des produits biocides interdits en Hexagone selon l’OFB :

  • - Diuron
  • - Irgarol
  • - Chlorothalonyl
  • - +1 en cours d'évaluation : le Zinc pyrithione (donc par défaut non autorisé en France)

 

Il s’agit de molécules actives présentes dans les produits commerciaux dont les noms diffèrent. Il est important que, pour tout achat en ligne, l’utilisateur vérifie que ces produits n’entrent pas dans la composition de l’antifouling qu’il envisage d’acheter. Il convient de rappeler également que ces molécules peuvent être contenues dans des adjuvants. Là aussi une vérification s’impose.

Ces molécules sont absentes des produits vendus en magasins en France.

 

L’alternative à l’antifouling classique

Des alternatives à l’antifouling classique existent et permettent de protéger son bateau en limitant son impact sur l’environnement. Ces solutions peuvent être classées en 3 catégories : les solutions mécaniques / les peintures + silicone / les adhésifs. 

Nous ne pouvons pas résumer les conclusions du rapport de l’OFB et de Finistère 360 sur « Antifouling et Environnement » en quelques lignes, chaque solution ayant ses avantages, ses inconvénients et ses limites.
Vous trouverez les liens vers les rapports de test dans la bibliographie.

 

Solutions mécaniques :

  • - Le parefouling
  • - La brosse Lulu
  • - Le nettoyage à haute pression
  • - Les ultrasons

 

Peintures + silicone :

  • - Hempel au silicone
  • - DDC-Néosil

 

Adhésif :

  • - L’adhésif Uniflow
  • - L’adhésif anti-graffitis
  • - Macglide

 

 

 

Conclusion

Dans le rapport de l’OFB et de Finistère 360 sur « Antifouling et Environnement » il est noté que :
 « chaque dispositif a des avantages et des inconvénients mais que, mis à part les procédés mécaniques sur coque nue, aucun dispositif n’est inoffensif. »  Mais alors quel choix pour les plaisanciers et les clubs, « Le produit retenu par le plaisancier sera en fonction des niveaux de curseur que chacun voudra bien prendre en compte entre efficacité, praticité, toxicité et coût. »

 

 

Bibliographie

Si vous souhaitez approfondir le sujet, nous vous recommandons les sources utilisées à la rédaction de cet article :

  • - Rapport « Antifouling et Environnement » de l’OFB et de Finistère 360 de 2019 : Voir le PDF
  • - Le « tableau de résultats des tests de produits antifouling » toujours de l’OFB : Voir le PDF
  • - Le « Guide sur les bonnes pratiques de carénage » du parc naturel marin d’Iroise menées par Finistère 360° en partenariat avec l’Office Français de la Biodiversité, le parc naturel marin d’Iroise,  le réseau Eco’Nav, la Région Bretagne, l’ADEME, l’Université Bretagne Sud, LABOCEA et le conservatoire du littoral:  Voir le PDF
  • - Le Règlement européen UE 528/2012 du Parlement européen et du Conseil européen du 22 mai 2012, dit «Règlement des produits biocides : Voir le PDF
  • - Les articles L.216.6 et 218.73 du code de l’environnement : Visiter la page
  • - L’article L535-2, version en vigueur depuis le 01 décembre 2010 du code des transports : Visiter la page
  • - L’article L.2132-3 du code général de la propriété des personnes publiques : Visiter la page
  • - Le site du préfet du Finistère sur le carénage : Visiter la page

 

 

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