À la Réunion, au Port de la Pointe des Galets, la Base Nautique des Mascareignes est à l'orée d'un dynamisme sans précédent après une trop longue période de difficultés qui l’a renforcée. Administrateurs et collaborateurs, large public et de multiples partenaires construisent une Base solide. Club sportif qui s'ouvre largement, il est seul à porter le projet fédéral La mer est à vous à la Réunion et à réserver un accueil aux personnes en situation de handicap. Présentation du club élu coup de cœur 2022 par la Ligue Réunion avec son président, Dominique Alincourt.
Pourriez-vous nous présenter la Base Nautique des Mascareignes ?
La BNM est née en 1997, un an avant les Jeux des Îles de l'Océan Indien (JIOI) accueillant la voile, par une volonté conjointe de la Région et de la Ville du Port. La BNM fête ses 25 ans dignement, avec le jugement de fin du redressement judiciaire, obtenu après 14 ans de lutte et de travail. C’est une énorme victoire en soi. Le redressement judiciaire, la crise requin puis comme tout le monde celle du Covid, ont renforcé la BNM, elle est solide. Le conseil d’administration, impliqué, est robuste et solidaire. Paritaire depuis plus de 15 ans, il est composé de professionnels du public et du privé diversifiés et complémentaires. Nous venons d'embaucher deux personnes, portant à dix les employés à temps plein. À cela s'ajoute des vacations. La BNM est fortement soutenue par la Ville du Port depuis sa création et sans discontinuité pour une mission centrale : l'initiation des élèves à la mer par la voile et le kayak et son ouverture pour la population. Plus de 3000 écoliers, collégiens, lycéens et étudiants y découvrent la mer chaque année. D'ailleurs, notre partenariat avec l'Université est exemplaire. Il est construit sur une belle intelligence réciproque. Le club est le premier de La Réunion à avoir mis en place le dispositif La mer est à vous le 4 octobre. Dans ce cadre, le partenariat avec le Lycée de la Mer permettra aux “talents” qui le souhaitent de poursuivre leur cursus par une formation diplômante. Des séances de découverte sont organisées au lycée pendant les six mois de formation. Le club siège depuis cette année au conseil d’administration du Lycée de la Mer, où deux formations, un CAP et un BTS, s’appuient sur nos moyens. Nous siégeons également à l'EAM, l’École d'Apprentissage Maritime du Port. Comme on peut le voir, la BNM participe à la cohésion de l'ouverture sur la mer et de la formation maritime dans la Ville. Bien sûr, nous avons une section compétition. Par exemple, Morgan Lagravière, qui a remporté la Transat Jacques Vabre en 2021 en IMOCA avec Thomas Ruyant, a été formé par Gabriel Jean Albert, le directeur du club, champion du monde de 420. Morgan est adhérent chez nous depuis plusieurs années. Les trois représentants réunionnais en voile aux Jeux des Jeunes de l’Océan Indien viennent de la BNM. Nous y avons glané deux médailles : une en or et une en bronze. Le club est le plus gros fournisseur de bénévoles engagés et actifs de la Ligue depuis de nombreuses années. Nous sommes fiers d'avoir pu réunir en 2022 les fonds, à hauteur de près de deux fois notre budget de fonctionnement annuel, pour renouveler notre flotte. Le total pour nous est impressionnant. Il est de plus d’un million d’euros, dont 120.000 sur fonds propres. Cette opération s’accompagne de nouvelles ambitions, comme d'introduire dans les clubs de l'île deux J70, support de course nationale et internationale, mais aussi de passer de deux à quatre Neo495. La BNM est seul club de l’île engagé sur un support accueillant des personnes à mobilité réduite. Elle reçoit également des personnes ayant d’autres types de handicap, dont les déficients intellectuels.
Qu’est-ce que cela représente pour vous d’avoir été élu Coup de Cœur de l’année 2022 par la Ligue de La Réunion ?
Le coup de cœur a été difficile à obtenir cette année, même s'il l'a été à l'unanimité des votants. Plusieurs clubs manifestent un réel dynamisme. La finale s’est jouée entre la BNM et la BNO (Base Nautique de l’Ouest), qui a eu également une année riche, en recevant par exemple Hervé Berville, secrétaire d'État à la Mer. Ce trophée, pour la BNM, c'est d'abord le travail et encore le travail. Tous les jours depuis 25 ans par des administrateurs et des collaborateurs en symbiose qui savent piloter, c'est à dire prévoir, organiser, réaliser, évaluer et recommencer, en mieux. La BNM est fière d'être l'un des clubs réunionnais qui participe au dynamisme de l’une des plus petites ligues de France. Montrer qu’éloignés, petits, nous sommes aussi animés d’une farouche volonté de partager notre passion pour la mer par la voile. La balance a penché en notre faveur cette année. L’an prochain, nous serons heureux de féliciter un autre club.
Comment se présente la saison 2023 ?
Notre management se projette bien au delà de 2023. En réalité nous avons un plan en quatre étapes. La première, de constituer un équipage d'administrateurs et de collaborateurs solide, est réalisée. Le taux de turnover est très faible chez nous. Des employés sont là depuis 25 ans. La seconde s'achève en 2023 : renouveler notre flotte, la moderniser, l'adapter à nos besoins et à nos projections. La troisième a pour ambition la construction d'un bâtiment à hauteur des enjeux. Le Port est le 4ème port marchand de France, le 3ème Port militaire et le 1er ultramarin. La Ville mérite une base nautique qui ait un rayonnement Régional et au delà soit positionnée dans la zone Océan Indien. Ainsi, le club postule au dispositif « Base d’avenir », en vue d’approfondir une étude visant à la construction du bâtiment et des hangars en remplacement des Algecco et containers actuels. La quatrième étape est transversale et est en route depuis de nombreuses années. Il s'agit de rayonner en accueillant tous types de publics. Pour cela, nous accompagnons notre équipage dans la montée en gamme de la Base. Car ce travail de fond et de longue haleine n'a de sens que si, in fine, nous parvenons à transformer la complexité et l'intensité de nos efforts en un quotidien simple, fluide et “naturel” pour les usagers.